Non cette question ne suggère pas l’idée que les adolescents n’auraient pas d’autres occupations que l’utilisation leur téléphone !
Au contraire, il est important de faire tomber quelques idées reçus à propos des adolescents et des générations assimilées à l’essor des technologies numériques.
Les premières recherches sur les « générations numériques » il y a une quinzaine d’année ont fait apparaître le terme de digital native qui a été repris maintes fois. Le concept de digital natives (“natifs du numérique” en français) est apparu pour la première fois en 2001 dans l’article « Digital natives, Digital immigrants » de Marc Prensky, chercheur américain spécialiste des questions d’éducation à l’heure du numérique. Il définissait alors les digital natives comme les individus nés après 1980, avec le langage numérique (ordinateurs, jeux vidéo, internet) pour « langue maternelle ».
Aujourd’hui le regard scientifique majoritaire remet en cause le bien-fondé de ce concept en soulignant la diversité des pratiques numériques chez les jeunes, et en distinguant la capacité à utiliser un outil de la maîtrise de cet outil.
On estime qu’en 2020, les jeunes de 14 à 25 ans passent environ 3 heures par jour sur les écrans. Les usages sont variés, en allant des jeux vidéos et loisirs liés à l’ordinateur, à la consommation de contenu audiovisuel (télévisions, vidéos sur d’autres écrans), à toutes formes de communications…
Au delà de ces trois heures, les jeunes ont de nombreuses occupations, n’incluant pas les écrans comme élément central.
De manière générale, les jeunes sont sportifs, et même les plus sportifs que le reste de la population, avec 71 % de pratique régulière chez les 15-24 ans.
Les jeunes sont également des lecteurs, avec un temps de lecture ayant doublé entre 2015 et 2023 passant de 10 minutes à 19 minutes par jours, hors livres numériques. Ce chiffre monte à 41 minutes pour tous supports confondus. Les jeunes ne sont pas réticents à lire, 81 % d’entre eux se déclarent lecteurs et 84 % disent aimer lire.
De manière générale, les écrans participent également un accès croissant à la culture, en leur présence comme en leur absence.
« Les 18-30 ans constituent de loin la classe d’âge la plus active et créative, même si d’importantes différences dans les activités culturelles sont observées en fonction des origines sociales. » (injep analyses et synthèses n°30, 2019)
Salomé Saqué, dans son livre « Sois jeune et tais-toi », écrit : “La jeunesse n’est donc pas cette consommatrice passive de contenus numériques qui nous est resservie à longueur d’articles criant à l’effondrement culturel. Au contraire, elle se nourrit et produit elle-même énormément de culture, qu’elle soit numérique ou non ! On l’oublie bien vite, mais les jeunes figurent parmi les populations les plus adeptes des pratiques artistiques amateurs : la généralisation des tutos et la facilité de partage des contenus ont fait exploser ces pratiques individuelles amateurs – musique en tête.”
Les réseaux et internet sont d’ailleurs des vecteurs d’envies d’activités autres, notamment de lecture. 19 % ont déjà choisis un livre après en avoir entendu parler sur les réseaux sociaux (comme Booktok, présent sur Tiktok), et 57 % après en avoir entendu parler sur internet.
« Le temps consacré au numérique n’entame pas forcément le temps consacré à d’autres activités culturelles ou artistiques »
Au contraire, les ordinateurs, tablettes et smartphones rendent possible la transition rapide entre différentes activités (photographie, films, lecture, écriture…), voire, la multi-activité et multi-supports. (injep analyses et synthèses n°30, 2019)